Homeless
J’aime bien parfois à faire quelques portraits dans la rue. Des gens, de ceux qui passent, de ceux qui restent.
Je passe souvent près de la cathédrale pour voir Olivier, un pote qui bossait là-bas en tant que gardien. Tous les jours, au pied de la porte de cette cathédrale, vient se poster Pascal. Armé de son sac à main, de talons haut, d’une jupe, d’un chandail ou décolleté (suivant le temps) et d’une tignasse invraisemblable. Tous les jours, Pascal entre dans la cathédrale, salue tout le monde, prend son fauteuil planqué derrière la porte, (acheté par les gardiens chez « Décath » pour ne pas qu’il soit posé par terre) et entame sa journée de manche. Lors d’une soirée avec Olivier, Pascal vint dans la discussion, j’émets l’idée de faire un portrait de ce personnage et Olivier me retourne : « Pascal ! Ecoute je vais te le présenter, tu vas voir il est sympa, et puis tu verras avec lui si il est ok pour faire des photos avec toi ». Bon bref je la fais plus courte, et je vais donc à la rencontre de Pascal qui ne me parle pas de lui précisément (certaines choses doivent être prises telles qu’elles sont, sans plus de question) mais me confie que son passe-temps c’est de peindre des tableaux de la cathédrale et des portraits de Charles Bronson (Franchement j’aimerai bien voir un tableau – raaah là je deviens curieux). Je lui parle un peu de mon travail et de mes idées pour son portrait et de la demi-heure de son temps qu’il aura à m’accorder. Il accepte à la condition d’avoir un tirage des photos et que je regarde son appareil photo numérique qui c’était détraqué quelques temps avant.
Profitant de battre le fer pendant qu’il est chaud je lui propose de le retrouver 2 jours plus tard à la cathédrale pour faire notre shoot, ne sachant pas comment faire pour ne pas l’embarrasser et transformer notre séance de prise de vue en spectacle devant les visiteurs de la cathédrale, je trouve un coin ombragé à l’angle de celle-ci. Le jour « J » Pascal est là, il fait plutôt beau et me tend en premier son appareil photo pour l’inspecter – bon ok c’était juste un problème de carte mémoire, je gère 😀 – puis me parle de but en blanc du film « Le Gendarme à New-York » en me faisant quelques imitations de Louis De Funès ayant des hallucinations croyant voir sa fille Nicole sur le ferry amenant la brigade vers les Etats-Unis…
Il se marre comme un fou et puis enchaine direct sur le shoot. Pas de protocole de transition dans cette conversation.
Quelques temps plus tard, lors d’un vernissage qui s’étalait dans la rue, je découvris une femme qui était venue là pour piocher quelques cahuètes et un verre ou deux de vins. On aurait dit Karl Lagerfeld pour la tonalité globale des fringues malgré la profonde usure des tissus, le tout croisé avec Brigitte Fontaine dans sa manière de parler. Autant dire assez rentre-dedans avec un ton plutôt sûr de soi… Bon rebelote J’aimerai bien faire un portrait d’elle… A ce jour, je ne connais toujours pas son prénom, ni son nom …
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